Attention, sujet chaud, brûlant même si l’on en croit les polémiques qui fusent de toutes part sur les forum de voyage ! Car le département traîne une sale réputation en matière de sécurité des personnes et des biens… La Guyane est-elle donc suffisamment sûre au quotidien pour y vivre sereinement et, tant qu’à faire, en famille avec des enfants ? En général, oui. En particulier, cela dépend des endroits ! Une petite mise au point s’impose…
L’orpaillage (clandestin) est la principale source d’insécurité et de criminalité en Guyane. Il est pratiqué par des garimpeiros sans scrupules, pour l’essentiel des Brésiliens (mais aussi des Surinamais) sans papiers venus chercher fortune en Guyane et prêts à tout car ils n’ont pas grand chose à perdre (sauf la vie). Corollaire évident : il peut être dangereux de traîner en forêt dans les zones reculées et les petites criques isolées en secteur aurifère (à l’intérieur des terres). En cas de mauvaise rencontre dans ce contexte, il est préférable de ne pas opposer de résistance et de donner ce qu’ils réclament (en général « dinheiro » = « argent » en Brésilien). Ces gens là ne plaisantent pas et sont armés…
Un exemple, tiré d’un fait divers retentissant qui a défrayé la chronique en 2006 (le procès devrait s’ouvrir prochainement) : l’assassinat de deux gardes-animateurs forestiers, tués par balle par deux orpailleurs brésiliens dans la réserve naturelle des Nouragues (à une centaine de kilomètres de Cayenne, en pleine forêt amazonienne). Ce double meurtre a été commis non loin de la station de recherche du CNRS, laquelle avait été attaquée en 2004 par des orpailleurs pour voler du matériel. Elle est désormais protégée par des gardes engagés par le CNRS…
Ceci dit, l’orpaillage illégal (et la criminalité associée) régresse nettement en Guyane depuis le lancement de l’opération « Anaconda », en 2002. C’est le nom de code (pour ne pas dire « de guerre ») d’un programme d’éradication de l’orpaillage clandestin mis en place par la gendarmerie (opérations héliportées, destruction du matériel d’orpaillage et des moyens de ravitaillement). Inutile de préciser que le dispositif Anaconda a été considérablement renforcé depuis 2006, suite à l’émoi suscité par le double assassinat des Nouragues : l’armée et les douanes française apportent désormais leur concours (février 2008), sous le nom de code « Harpie », avec de très gros moyens (repérage des camps d’orpaillage par satellite, opérations de type commando, appui aérien)…
En dehors du cas particulier des secteurs aurifères, l’insécurité est surtout nocturne (comme partout, y compris en Métropole). Il faut donc éviter de tenter le diable en se promenant (surtout seul) de nuit.
Une précaution qui relève du simple bon sens et vaut particulièrement dans les lieux réputés infréquentables aux heures sombres :
Encore une fois, et sans se cloîter dans un coffre-fort, il est facile d’éviter les ennuis en Guyane. C’est essentiellement une question de bon sens et de prudence élémentaire. Comme en Métropole : il ne viendrait à l’idée de personne de déambuler nuitamment dans les cités chaudes ou de se hasarder dans les méandres du métro ou du RER parisien, surtout en arborant un luxe ostentatoire. Il suffit en général d’éviter les endroits louches et de s’abstenir d’étaler ses richesses.
Au quotidien, ne pas oublier de fermer sa voiture à clé et surtout, ne laisser aucun objet de valeur (ordinateur, matériel photo…) à l’intérieur (même caché, on peut être vu). A la maison, idem : fermer toutes les portes et fenêtres donnant sur l’extérieur la nuit (comme en région parisienne). Les cambriolages sont monnaie courante en Guyane (parfois des braquages à domicile), mais quelques précautions permettent de limiter les risques.
D’abord, bien choisir son quartier, calme et résidentiel de préférence. Ensuite, opter pour un logement sécurisé, c’est-à-dire sur un terrain clos et équipé de grilles de métal forgé sur toutes les ouvertures (idéal pour éviter les effractions). Pour une maison, un ou deux chiens bavards et de taille respectable (un yorkshire ou un bouldedoque français ne sont pas très crédibles) dans le jardin sont bienvenus, car dissuasifs. Toujours pour une maison, vérifier que la toiture n’est pas accessible (càd qu’elle ne descend pas trop bas), car les intrus passent parfois par les toits en ôtant les tôles de couverture (tous les toits sont en tôle en Guyane, à cause des averses torrentielles). Enfin, le must pour ceux qui peuvent se le permettre (et si les effets personnels le justifient) : une alarme électronique. Finalement, rien de très dépaysant…
Dernière précision, pour ceux qui habite(ro)nt sur des sites isolés dans la « campagne » (savane entre Cayenne et Kourou, par exemple) : les armes sont en vente libre en Guyane. A titre dérogatoire, il n’est pas nécessaire de détenir un permis de chasse pour acquérir un fusil. Il suffit de se rendre dans une armurerie (assez nombreuses en Guyane et barricadées comme des banques). En conséquence, nombreux sont les habitants armés, surtout dans les lieux reculés…
Pas d’angélisme, mais pas de paranoïa non plus ! La Guyane n’est pas un coupe-gorge pour sa population et il est possible d’y vivre paisiblement. C’est, en revanche, une affectation assez difficile pour les gendarmes et les militaires : leur réalité quotidienne (orpaillage illégal, squats et bidonvilles, clandestins, règlements de comptes, criminalité nocturne) et la vision qui en découle ne sont pas celles du citoyen lambda…
Avec deux ans de recul, je suis plus que jamais persuadée que tout un chacun est à même de percevoir les situations « risquées » et de se forger rapidement une opinion sur la sécurité ou l’insécurité ambiantes. Il suffit de se fondre dans la masse et d’adopter les codes du pays. Et jusqu’ici, je n’ai jamais eu l’impression d’être en danger en Guyane.
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