VIVRE EN GUYANE 

La Guyane est un Eden vert

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La Guyane, l’or et l’orpaillage illégal

Je viens d’allumer la TV et pour une fois, on parle de la Guyane. Mais pas en bien, évidemment : deux militaires tués et deux gendarmes grièvement blessés à Dorlin (en plein coeur de la forêt)… Pour mémoire, c’est à Dorlin qu’avait eu lieu une grosse fusillade entre orpailleurs clandestins lors de la venue de Nicolas Sarkozy, en janvier 2012. Force est de constater que, de la polémique sur les forages pétroliers à l’insécurité, les journalistes de Métropole ne se rappelle qu’il existe en France un territoire d’Amazonie appelé « Guyane » que pour en parler en mal !

La Guyane et l’or

Contrairement à ce qu’a affirmé le directeur du WWF France, invité sur le plateau de BFM-TV, les clandestins (très souvent d’origine Brésilienne, peu du Suriname) ne viennent pas seulement en Guyane parce que c’est plus facile que dans leur pays MAIS parce que la Guyane Française est l’une des seules régions du plateau des Guyane à disposer de réserves aurifères ! Il n’y a pas d’or au Brésil, raison pour laquelle les clandestins sont attirés par notre département… Il y en a par contre au Suriname.

Ensuite, parler de « survie en milieu hostile » pour évoquer la forêt de Guyane, j’avoue que cela ne fait pas plaisir à entendre : la région a du mal à se défaire de sa réputation « d’enfer vert », héritée de la désastreuse expédition de Kourou (au 18e siècle) et du taux de mortalité extrême des bagnards (dont les conditions de vie étaient très dures), pas la peine de la stigmatiser davantage ! La forêt guyanaise est riche d’une biodiversité exceptionnelle et vaut à elle seule le détour.

L’orpaillage illégal

Parlons chiffres : 50 $ le gramme d’or multiplié par 8 tonnes d’or extrait de manière illégale, cela représente une mane de 400 millions de dollars ! C’est le poids de la filière clandestine de l’or en Guyane. On comprend que les garimpeiros (mot d’origine brésilienne désignant les chercheurs d’or clandestins) sont organisés en réseaux et sans scrupules. Ces filières sont lourdement armées et la vie de ceux qui les dérangent n’a pas beaucoup de valeur à leurs yeux…

Elles sont également extrêmement bien organisées, car il faut de la logistique pour vivre en forêt de manière permanente. Qu’à cela ne tienne : des troupeaux de bovins traversent la forêt depuis le Brésil pour assurer le ravitaillement ! Anecdote authentique : à Saül, au coeur du « grand bois » (regardez sur une carte : on s’y rend en avion…), les habitants ont eu la surprise, un matin, de découvrir sur la piste qui traverse le bourg, les traces de piétinement d’un grand nombre d’animaux ! Ailleurs en forêt, un camp a même été découvert… doté d’une église en bois !

De l’opération Anaconda à l’opération Harpie

Inutile de préciser que l’Etat français tente de mettre un coup d’arrêt à ces trafics, qui représentent une perte financière considérable (seules 2 tonnes d’or légal sont extraites chaque année), sont extrêmement polluants (contamination des eaux au mercure), menacent les communautés Amérindiennes et génèrent une insécurité inquiétante. Deux opérations ont vu le jour successivement : la plan Anaconda, puis le plan Harpie, depuis 2008. Il s’agit d’une opération conjointe entre la gendarmerie, les douanes, la police de l’air et des frontières, l’ONF et les forces armées de Guyane, qui regroupe un millier d’hommes, des hélicoptères, des bateaux (appelés « coques » sur les fleuves)…

C’est lors de l’une de ces opérations que les deux militaires tués et les deux gendarmes blessés sont tombés hier. Fait inédit, ils ont été pris dans une embuscade.

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